À PROPOS DE TRANSGRESSION
À l’origine du roman, il y a des interrogations sur l’avenir de l’Espèce humaine : continue-t-elle à évoluer ? Et si oui, vers où ? Comment ?...
Un ami, il y a longtemps, avait émis l'hypothèse que peut-être une explosion nucléaire relancerait cette évolutioUn ami, il y a longtemps, avait émis l'hypothèse que peut-être une explosion nucléaire relancerait cette évolution, au hasard des mutations génétiques qu'elle provoquerait.
Peu convaincu, en 1975, alors qu'on ne parlait pas encore de Transhumanisme, j'ai publié une nouvelle « Ordine », qui inscrivait l'informatique dans l'évolution de l'Espèce humaine. Cette nouvelle est devenue un roman, « L'Humaine », publié en 2014.
Une autre source d'inspiration a été que le constat que l'Homme n'était pas bon – l'enfant non plus –, qu’il était violent et que seules la culture et la civilisation pouvaient atténuer sinon vaincre cette propension au mal. Un livre paru il y a plus d'une quinzaine d'années, « Le Principe de Lucifer » d'Howard Bloom a montré, dans une fresque allant des animaux aux humains et aux sociétés, que cette violence était inhérente à la vie et nécessaire à l'évolution.
Qu'en est-il des manipulations génétiques ? N'était-ce pas exercer une violence que de modifier des chromosomes ou des gènes ? D'intervenir dans un processus qui se déroule en application de lois immuables au sein de l'univers connu, depuis des milliards d'années ?
Certes, ces manipulations peuvent être bénéfiques à l'Homme, en matière de santé par exemple, mais peut-on être assuré qu'elles n'auront pas d'effets indésirables ou graves, voire fatales, sur l'Espèce humaine et ses civilisations ? Et certainement sans retour possible…
C'est ici qu'intervient le Mariage pour tous. Le mariage homosexuel vient modifier une règle qui reposait sur la loi naturelle de l'altérité en matière de sexualité et de reproduction (chez les mammifères), et abat des barrières qui protégeaient (dans une certaine mesure) des risques de leur franchissement. Aujourd'hui il n'y a plus de barrières, ou à peine, et donc plus de limites. Dès lors puisque la science et la technique le permettent (cf. Faire des enfants demain, de Jacques Testart), pourquoi ne pas travailler sur l'engendrement unisexe ?
Cela peut être compris, mais derrière cette transgression bien d'autres manipulations peuvent être envisagées ou sont déjà mises en œuvre. Celles-là sans doute, beaucoup moins admissibles…
Enfin l'Espèce humaine, si tant est qu'elle le veuille, a-t-elle les moyens de s'interdire d'utiliser sa soif de savoir et de faire, au nom de la seule prudence ? Ou de principes philosophiques ou religieux ?
Le roman apporte un point de vue sur ces questions à travers l'extraordinaire aventure transhumaniste que vivent les trois principaux personnages et leur entourage entre Paris (l'Université Pierre et Marie Curie), Roscoff (la Station biologique) et Alcalá de Henares (la ville du savoir et sa faculté de biologie).
Jean-Michel Houlbert
