L'HUMAINE (2014)

Photo : Ville de Cergy
Un polar inquiétant où enquête judiciaire et histoire familiale s’entremêlent.
Au cours des premières années de la ville nouvelle de Cergy-Pontoise, alors ville de tous les possibles, la découverte du cadavre d'un homme dans les sous-sols du château des Sortilèges, l'une des attractions du parc Mirapolis, sera le point de départ d'une affaire qui durera près de 40 ans.
Le magistrat chargé du dossier, François Lesling, juge d'instruction au tribunal de Pontoise, va croiser l'histoire d'une jeune handicapée, puis d'un mystérieux ordinateur, va découvrir des événements qui se sont déroulés en 1969 dans les carrières souterraines de Cergy ou encore, 10 ans plus tard, ce qui s'était réellement passé lors des mystérieux phénomènes électriques générées par la venue « d'extraterrestres » aux portes de la ville. Mais l'enquête dépassera très vite le cadre cergypontain et débouchera sur un affrontement philosophique et politique entre le Gouvernement et le mystérieux ordinateur. Les libertés, la démocratie, l’avenir de l’homme même sont les enjeux de cet affrontement... D'autres meurtres seront commis, François Lesling sera dessaisi, mais ce sera pour découvrir que l'enquête qu'il menait devait se poursuivre au sein de sa propre famille. Et quand enfin tout se terminera, le pire des crimes sera commis, un infanticide.
Des années après, Lesling dévoile à l'intention de ses petits-enfants, dans ses Mémoires posthumes, tout ce qu'il sait sur cette affaire restée secrète. Et se demande si cette histoire est vraiment terminée.

La Sibylle de Delphes


ORDINE (1975)
J'ai écrit cette nouvelle en 1973 – 1974, au cours de mon service militaire en Alsace, les soirs où nos officiers ne nous avaient pas trouvé d'occupations.
À cette époque on ne parlait pas de transhumanisme, d’anthropocène ou d'amélioration et d'augmentation de l'Homme. On se barricadait dans les casernes, on se préoccupait des conséquences de la guerre du Kippour, de l'accès aux champs pétrolifères du Moyen-Orient et du prix du litre d'essence…
La question que je me posais alors était la suivante : l'Homo sapiens, depuis bien longtemps, ne semble plus évoluer, laissant ce soin aux seules sociétés et civilisations. Que faire pour que cette évolution reprenne ? Un ami avait suggéré que le hasard des mutations génétiques provoquées par une guerre nucléaire pourrait relancer cette évolution. Cela ne m'avait alors pas paru le plus adéquate et m'avait poussé à imaginer cette alliance d'un cerveau humain et d'un ordinateur. Alors je pensais aux gros ordinateurs dont disposait les sociétés de recherche pétrolière.
Dans la salle de classe que j'occupais le soir à la caserne, je donnais des cours aux futurs tireurs d'élite. Ces cours, c'était ce que l'armée avait trouvé pour occuper l'esprit des sursitaires de 25 ans de la classe 68, soupçonné d'être de fiers contestataires. Et pour les préparer, on m'avait confié une sorte de « Manuel du parfait officier » que je m'étais empressé de lire. J'y avais découvert le malheureux sort réservé aux grenadiers voltigeurs que nous étions tous (il s'agissait d'un régiment d'infanterie mécanisée) ; une de nos missions était de nous infiltrer dans les lignes ennemies pour y attirer un maximum de combattants. Alors, sur cette mêlée inextricable, nos forces balançaient une bombe atomique tactique. Bref, nous étions l’appât et on nous sacrifiait. Cela ne m'avait pas vraiment enchanté et venait s’ajouter au pessimisme ambiant. D'où peut-être le ton désabusé de la nouvelle...
C'est cette nouvelle qui devait devenir L'Humaine. Ce même thème de l'avenir de l'Homme a aussi inspiré Transgression.